Le président al-Assad à la chaîne CBS News : Nous sommes ouverts au dialogue avec toute partie, dont les Etats-Unis

Damas / Le président Bachar al-Assad a affirmé que le gouvernement syrien est ouvert à tout dialogue avec quiconque, dont les Etats-Unis, sur la base du respect mutuel et loin de la violation de la souveraineté syrienne, assurant que le dialogue est une chose positive.

Dans une interview qu’il a accordée à la Chaîne américaine CBS News, le président al-Assad a indiqué que tout conflit doit se terminer par le dialogue pour parvenir à un règlement politique avec les différentes parties, “et c’est ça ce qu’on fait en Syrie depuis deux ans en traitant directement avec les groupes armés pour parvenir à de nombreuses réconciliations”, a-t-il précisé.

Quant aux déclarations du Secrétaire d’Etat américain, John Kerry, sur le dialogue, le président al-Assad a fait savoir qu’elles ne sont que des déclarations et qu’il n’y a aucune chose tangible jusqu’à présent.

“Il n’y a pas de nouvelles réalités à propos de l’approche politique des Etats-Unis envers la situation en Syrie ou le conflit dans le pays”, a-t-il dit, affirmant que le gouvernement syrien est ouvert au dialogue avec quiconque, dont les Etats-Unis, sur la base du respect mutuel et loin de la violation de la souveraineté syrienne.

Questionné sur la forme de contacts en cours entre le gouvernement syrien et celui américain, le président al-Assad a indiqué qu’il n’y a aucun contact direct avec les Etats-Unis jusqu’à présent, soulignant que le dialogue est important pour lutter contre le terrorisme, mais loin de la violation de la souveraineté syrienne.

A propos de sa disposition à renoncer au pouvoir pour former un gouvernement de transition, le président al-Assad a fait savoir que tout ce qui relève de la politique intérieure syrienne doit être traité par le peuple syrien, disant : “Nous n’examinerons cette question ni avec les Etats-Unis ni avec toute autre partie, cette question est relative à notre régime politique, à notre constitution, à nos lois et à nos mesures”.

Le président al-Assad a souligné les possibilités de collaborer avec les Etats-Unis dans la lutte anti-terroriste et l’exercice des pressions sur de différents pays, tels que la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Qatar et nombre de leurs alliés en Europe qui soutiennent les terroristes en fonds et armes.

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En outre, le président al-Assad a assuré que tout conflit, même s’il était une guerre, doit être résolu par des voies politiques.

Quant à la feuille de route dont il dispose pour parvenir à un règlement politique, le président al-Assad a fait allusion aux différents moyens de régler la crise, notamment le lancement d’un dialogue inter-syrien sur toutes les questions, dont le régime politique, et d’un dialogue direct avec les groupes armés pour amnistier ceux qui déposent leurs armes.

A la question de savoir si l’apparition de Daech est la meilleure chose qui est arrivée pour lui et si ce réseau avait profité de la lutte par le gouvernement syrien contre les modérés dans le pays, le président al-Assad a abordé les propos du président Obama sur le fait que l’opposition modérée en Syrie est une illusion, indiquant qu’il avait dit à plusieurs reprises qu’il n’y a pas d’opposition modérée.

“Comment l’apparition de Daech est la meilleure chose qui m’est arrivée, surtout que mon pays est détruit et que les civils sont tués ?”, s’est interrogé le président al-Assad, qui a assuré que cela est illogique, irréel et inacceptable.

Concernant les nouveaux changements qu’il a constatés dans les positions des pays occidentaux envers lui et le gouvernement syrien après la nouvelle réalité imposée par Daech, le président al-Assad a fait noter que l’Occident n’avait pas changé son approche à l’égard du conflit en Syrie, en Irak et dans la région entière.

“Je crois que l’Occident n’a pas bien tiré la leçon, c’est pourquoi il ne changera pas le déroulement des événements, vu que son approche est, dès le début, de renverser un régime ou de changer un président ou un gouvernement qui ne lui conviennent pas”, a-t-il dit, faisant savoir que l’Occident continuera à agir dans le même sens.

Et le président al-Assad de poursuivre : “Pour l’Occident, la priorité est de lutter contre Daech, mais elle ne signifie point de s’en débarrasser”.

A la question de savoir comment il trouve la coopération des Etats-Unis avec la Syrie quant à la lutte contre Daech, le président al-Assad a indiqué qu’il n’y a pas de coopération directe, ajoutant : “Quant à l’avenir, il faut qu’il y ait un dialogue direct pour lutter contre le terrorisme, vu que le terrorisme se trouve sur nos territoires et que les Etats-Unis ne peuvent guère le vaincre sans la collaboration avec nous et sans nos informations”.

A propos d’une coopération non officielle par le biais de l’Irak pour informer la Syrie des horaires de raids menés par les Etats-Unis, le président al-Assad a assuré que de nombreux pays, dont l’Irak, informent le gouvernement syrien du lancement des raids, mais sans aucun détail.

A la question de savoir s’il connaissait que le drone abattu par les défenses anti-aériennes syriennes était américain, le président al-Assad a affirmé qu’on ne connaissait pas à qui ce drone appartenait, disant : “Quand il y a un avion étranger dans votre espace aérien, vous l’abattrez, ce sont les règles militaires”.

Quant à l’intérêt obtenu des raids américains en Syrie pour affaiblir la force de Daech, le président al-Assad a évoqué les intérêts obtenus au niveau local, mais en général, le réseau Daech se propage davantage depuis le début des raids en enrôlant encore plus de personnes en Syrie et en Irak.

A propos de la superficie dont Daech s’empare en Syrie, le président al-Assad a indiqué que Daech n’est pas une armée qui pénètre dans des superficies données, soulignant que la majorité des gens qui avaient souffert de Daech soutiennent actuellement le gouvernement.

A la question de savoir si les gens prennent la fuite de l’armée syrienne aux camps des réfugiés en Jordanie et en Turquie, le président al-Assad a répondu que ces camps avaient été établis avant qu’il y ait un vrai conflit en Syrie, indiquant que ce pas était prémédité pour l’exploiter en vue d’intervenir militairement en Syrie.

Concernant le nombre colossal de victimes civiles tuées par l’armée syrienne, le président al-Assad s’est interrogé : “Comment je peux rester en tant que président à mon poste, alors que la majorité des pays du monde, les forces de grandes puissances, les forces régionales et mon peuple, me combattent? C’est illogique et irréel, c’est une question se contredisant avec notre intérêt en tant que gouvernement”.

Questionné sur l’usage du gaz de chlore par l’armée syrienne, le président al-Assad a indiqué que ceci fait partie de la campagne de propagande visant la Syrie, vu que le gaz de chlore n’est pas militaire, mais on peut l’acheter partout dans le monde, affirmant que les armes conventionnelles sont plus efficaces que le chlore, c’est pourquoi il n’est pas beaucoup utilisé.

Le président al-Assad a ajouté qu’il avait autorisé des délégations impartiales à venir en Syrie et à enquêter sur l’usage du chlore dans le pays.

Concernant le recours aux barils explosifs par l’armée syrienne, le président al-Assad a indiqué qu’il n’y a pas de barils explosifs, mais des bombes qui sont tous utilisés pour tuer, mais non pas pour “caresser”, soulignant : “Nous recourons aux armes pour tuer les terroristes non pas les civils, vu que nous jouissons de l’appui du peuple et que nous ne pouvons pas le tuer”.

“La terminologie de barils explosifs a été utilisée pour diaboliser l’armée syrienne”, a-t-il précisé.

En outre, le président al-Assad a fait savoir que l’Arabie Saoudite et Daech sont deux faces d’une même pièce de monnaie et disposent de la même idéologie, celle wahhabite.

Il a de même fait allusion à la Turquie et à Erdogan qui est fanatique aux Frères Musulmans, souffre de la paranoïa politique et croit qu’il est le sultan de l’époque contemporaine, XXIe siècle.

Le président al-Assad a ajouté qu’Erdogan ne se contente pas d’ignorer le passage des terroristes vers la Syrie, mais il les soutient logistiquement et militairement, évoquant dans ce sens le soutien turc direct à Daech dans la ville d’Ain Arab, dont la libération avait pris quatre mois en dépit des raids américains sur les positions du réseau terroriste là-bas.

Le président al-Assad a indiqué que l’armée syrienne avait libéré des zones disposant de la même superficie d’Ain Arab durant quelques semaines et sans le recours aux raids.

Quant à sa définition du terroriste, le président al-Assad a dit : “Toute personne portant l’arme, tue les gens et détruit les bâtiments publics et les biens privés est un terroriste”.

Le président al-Assad a fait savoir que l’opposition partout dans le monde est politique et que personne n’admet la présence d’une opposition militaire.

“L’opposition militaire est une sorte de terrorisme”, a-t-il précisé.

A la question de savoir s’il partage le pouvoir avec des personnes opposantes que ce soient modérées ou terroristes au cas où ils déposent leurs armes, le président al-Assad a répondu : “Elles ne resteront plus des terroristes au moment où elles déposent l’arme”.

Quant à la participation de l’Iran au combat en Syrie, le président al-Assad a affirmé que les Iraniens n’avaient pas combattu en Syrie et qu’il n’ y a aucun problème de demander aux alliés de venir en Syrie pour y combattre, faisant allusion à cet effet à la présence du Hezbollah en Syrie.

Par ailleurs, le président al-Assad a souligné qu’il veut durant les circonstances actuelles engager un dialogue et partager le pouvoir avec toute entité politique qui représente le peuple syrien et n’est pas formée aux Etats-Unis, en France ou au Qatar, soulignant que la Syrie dispose d’une opposition nationale qui représente les Syriens.

A propos de ce que la Russie et l’Iran escomptent pour la Syrie, le président al-Assad a indiqué que les deux pays veulent la stabilité et le règlement politique en Syrie, car ils disposent de la même vision à l’égard du conflit dans le pays.

Et le président al-Assad de poursuivre : “La Russie et l’Iran n’ont rien demandé à la Syrie, c’est pourquoi j’ai dit qu’ils ne font pas cela pour elle, mais pour la région et le monde entier, vu que la stabilité est très importante”.

Questionné sur les possibilités de la coopération irano-américaine quant à la lutte contre Daech, le président al-Assad a indiqué que personne n’a confiance en le fait que l’Administration américaine veut vraiment lutter contre ce genre de terrorisme, évoquant dans ce sens les raids qui sont menés par la Coalition composée de 60 pays et qui sont beaucoup plus inférieurs à ceux menés par l’armée syrienne par jour.

Concernant ce que l’Iran veut de l’Irak, le président al-Assad a affirmé que l’Iran veut certainement le débarrasser des terroristes et y rétablir la stabilité.

Le président al-Assad a indiqué que personne ne sait quand on peut se débarrasser des terroristes, car Daech et d’autres réseaux terroristes en Syrie et en Irak sont soutenus par le pétrodollar, soulignant qu’on ne sait pas jusqu’à quand cet appui se poursuivra.

A la question de savoir jusqu’à quand le gouvernement syrien supporterait le conflit qui se déroule actuellement, le président al-Assad a assuré que la Syrie reste toujours là et que cette crise n’est pas la 1ère qu’on fait face dans notre histoire.

“Les Syriens sont déterminés à protéger et à reconstruire leur pays. Nous n’avons comme option que de défendre notre patrie et de lutter contre le terrorisme”, a-t-il souligné.

En ce qui concerne les moyens de réunifier la Syrie, le président al-Assad a fait savoir que ce qui se passe en Syrie n’est point une guerre civile, mais une présence des terroristes dans certaines zones et d’un peuple qui souffre de la bataille contre les terroristes.

“La situation confessionnelle en Syrie est meilleure qu’avant la crise et le peuple est plus unifié”, a fait allusion le président al-Assad.

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Questionné sur son avis quant aux scepticismes des gens en Occident sur sa légitimité, le président al-Assad a indiqué qu’il ne les prend pas en compte tant qu’il jouit de l’appui du peuple syrien, faisant noter que l’Occident s’est habitué à traiter avec des marionnettes, non pas avec des leaders et des responsables indépendants dans n’importe quel pays.

A propos de sa disposition à négocier, notamment après l’arrivée du Hezbollah et des conseillers iraniens, ainsi qu’après les raids de la Coalition, qui le rendent plus fort militairement, le président al-Assad a assuré que la guerre épuiserait la plus grande force, même si les Etats-Unis, “c’est pourquoi je ne peux pas dire que je suis plus fort militairement, mais plus fort politiquement en raison du soutien que m’apporte le peuple”, a-t-il précisé.

A la question de savoir quelles sont les circonstances qui le poussent à renoncer au pouvoir, le président al-Assad a souligné qu’il le fera quand il ne jouira pas du soutien populaire et ne répondra pas aux intérêts et aux valeurs syriens.

En outre, le président al-Assad a répondu à une question sur sa capacité de détruire Daech sans mettre au point un plan unifié et œuvrer pour réaliser un objectif commun, en disant : “C’est vrai, il est impossible de détruire les terroristes, tels que Daech et le Front Nosra, sans être dans une société unifiée. Daech se trouve en Syrie, en Irak et en Libye. Donc, l’unification au niveau local n’est pas suffisante, il faut aussi réaliser cet objectif aux deux niveaux, régional et international. La chose qu’on n’ y est pas encore parvenu, c’est pourquoi la défaite du terrorisme est très difficile en raison de la situation en cours”.
Évoquant la conférence prochaine de Moscou pour résoudre la crise en Syrie, le président al-Assad a indiqué que la Syrie a des principes sur lesquels il faut se mettre d’accord, en particulier l’unité de la Syrie et la condamnation du terrorisme.

Quant au partage du pouvoir, le président al-Assad a souligné que le partage du pouvoir se trouve dans la constitution et doit avoir lieu sur la base de la représentation et de l’appui des Syriens.

Questionné sur les possibilités de la coopération entre le gouvernement syrien et celui américain, notamment après les déclarations de Kerry, le président al-Assad a fait noter qu’il ressent que l’Administration américaine avait commencé à renoncer à la politique d’isolement et qu’il est “optimiste” à cet égard, surtout que les Etats-Unis pensent au dialogue.

“Nous sommes disposés à dialoguer avec les Etats-Unis, nous sommes toujours ouverts et nous n’avons jamais fermé nos portes, mais ce qui compte c’est qu’ils soient disposés aux pourparlers et aux négociations”, a conclu le président al-Assad.

A. Chatta

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